La fresque du climat s’impose aujourd’hui comme un outil de sensibilisation incontournable pour les entreprises soucieuses d’engager leurs collaborateurs dans une démarche environnementale. Cet atelier collaboratif, basé sur les rapports scientifiques du GIEC, permet aux participants de visualiser et comprendre les mécanismes du dérèglement climatique de façon interactive et pédagogique. Voyons comment cette démarche transforme les organisations et quels bénéfices concrets elle apporte.

La fresque du climat : principes et objectifs

Origine et fonctionnement de l’atelier

Créée par Cédric Ringenbach, ingénieur spécialiste du changement climatique, la fresque du climat est un atelier participatif qui utilise un jeu de 42 cartes pour illustrer les causes et conséquences du dérèglement climatique. La formation fresque du climat se déroule généralement sur une durée de trois heures et s’articule autour de plusieurs phases essentielles : une phase de réflexion où les participants explorent les liens de causalité climatiques, suivie de la création collaborative de la fresque elle-même, puis d’une restitution collective et enfin d’une discussion sur les actions concrètes à mettre en œuvre.

Les mécanismes d’apprentissage collectif

La force de cette approche réside dans sa dimension collective et sa pédagogie active. Les participants ne sont pas simplement récepteurs d’informations mais acteurs de leur apprentissage. Ils manipulent les cartes, établissent des connections et construisent ensemble une représentation visuelle des enjeux climatiques. Ce format favorise les échanges, stimule la réflexion et permet une appropriation profonde des concepts scientifiques, même pour des personnes sans connaissances préalables en matière environnementale.

Avantages de la fresque pour les collaborateurs

Acquisition de connaissances climatiques solides

Pour les collaborateurs, participer à un atelier de fresque du climat représente une opportunité unique de développer une compréhension globale et systémique des défis climatiques. Les connaissances acquises sont scientifiquement rigoureuses, puisque basées sur les travaux du GIEC, tout en restant accessibles grâce à la médiation pédagogique. Cette base commune de savoirs permet ensuite aux équipes de parler le même langage quand il s’agit d’enjeux environnementaux et facilite la mise en place d’initiatives cohérentes.

Mobilisation des équipes autour de valeurs communes

Au-delà de la simple sensibilisation, la fresque du climat agit comme un puissant catalyseur d’engagement. Elle crée un espace sécurisant où les préoccupations environnementales individuelles peuvent s’exprimer et se transformer en vision partagée. Les témoignages d’entreprises montrent que les collaborateurs ressortent de ces ateliers avec une motivation renouvelée et un sentiment de responsabilité collective face aux défis climatiques.

Transformation de la culture d’entreprise

Intégration des valeurs écologiques au quotidien

Les bénéfices de la fresque du climat se manifestent particulièrement dans l’évolution des comportements professionnels. À mesure que les collaborateurs intègrent les enjeux climatiques, leurs pratiques quotidiennes se transforment naturellement. Les décisions, même les plus anodines, commencent à intégrer une dimension environnementale. Cette transformation culturelle profonde permet de passer d’une vision où l’écologie est perçue comme une contrainte à un paradigme où elle devient une valeur structurante et positive.

Exemples d’initiatives issues des ateliers

Les entreprises qui ont déployé la fresque du climat témoignent souvent de l’émergence spontanée d’initiatives portées par les collaborateurs. Des groupes de travail sur la réduction des déchets, des projets d’optimisation énergétique des locaux, des réflexions sur les déplacements professionnels ou encore des actions de sensibilisation en cascade voient le jour. Ces initiatives ont la particularité d’être adaptées aux réalités spécifiques de chaque organisation et portées par les équipes elles-mêmes, garantissant ainsi leur pertinence et leur pérennité.

Évaluation de la valeur ajoutée pour l’organisation

Indicateurs de suivi et résultats observables

Mesurer l’impact précis de la fresque du climat sur les performances de l’entreprise requiert la mise en place d’indicateurs adaptés. Les organisations les plus avancées suivent notamment l’évolution de leur empreinte carbone, la réduction des consommations énergétiques, mais aussi des indicateurs plus qualitatifs comme l’engagement des collaborateurs ou l’émergence de nouvelles compétences liées à la transition écologique. Ces données permettent de quantifier le retour sur investissement et de justifier la démarche auprès des différentes parties prenantes. 

Témoignages d’entreprises après déploiement

Les retours d’expérience d’entreprises ayant mis en œuvre la fresque du climat sont majoritairement positifs. Avec plus de 400 organisations ayant organisé cet atelier et près de 2,1 millions de participants dans 168 pays, l’impact est considérable. Les dirigeants soulignent notamment une amélioration du dialogue social autour des questions environnementales, une plus grande cohésion d’équipe et l’émergence d’innovations frugales génératrices d’économies. Ces témoignages constituent une ressource précieuse pour les organisations hésitant encore à se lancer.

Facteurs de réussite d’une démarche fresque

Préparation et planification des sessions

La réussite d’une démarche fresque du climat commence bien avant l’atelier lui-même. Une phase de préparation minutieuse est nécessaire, incluant la sensibilisation préalable des participants, la formation d’animateurs internes ou le recours à des facilitateurs externes qualifiés. Il existe d’ailleurs différentes options pour organiser ces ateliers, de la formation de collaborateurs à l’accueil de prestataires spécialisés, avec des coûts variant entre 150 euros HT par personne pour un atelier à 600 euros HT pour former un animateur interne.

Suivi et actions post-atelier

La véritable valeur de la fresque du climat se révèle dans le suivi et les actions mises en place après l’atelier. Les organisations qui en tirent le meilleur parti prévoient des temps de débriefing, des canaux pour recueillir les idées générées et des mécanismes pour transformer ces idées en projets concrets. Certaines entreprises mettent également en place un système de mentorat permettant aux participants de continuer à développer leurs connaissances et leurs compétences en matière climatique.

Intégration dans la stratégie d’entreprise

Alignement avec les objectifs RSE

Pour maximiser son impact, la fresque du climat gagne à être intégrée dans une stratégie RSE cohérente. Elle peut servir de point de départ à une démarche plus large incluant bilan carbone, stratégie de décarbonation ou encore politique d’éco-conception. Cette articulation entre sensibilisation et action stratégique permet de créer un cercle vertueux où la compréhension des enjeux alimente la mise en œuvre de solutions, et où les résultats obtenus renforcent à leur tour la motivation des équipes.

Communication interne et externe

La communication joue un rôle crucial dans la réussite de la démarche. En interne, elle permet de valoriser les initiatives, de maintenir la dynamique et de diffuser les bonnes pratiques. En externe, elle contribue à renforcer l’image de marque responsable de l’entreprise, à condition bien sûr d’éviter les pièges du greenwashing en s’assurant que les actions de communication reflètent des engagements réels et mesurables.

L’implication managériale comme levier

Formation des responsables d’équipe

Les managers occupent une position stratégique dans le déploiement de la fresque du climat. Leur formation constitue donc un investissement prioritaire pour toute organisation souhaitant maximiser les bénéfices de la démarche. Des modules spécifiques existent pour les aider à intégrer les enjeux climatiques dans leur pratique managériale quotidienne et à accompagner leurs équipes dans cette transformation. Un manager sensibilisé devient un ambassadeur capable de traduire les grands principes en actions concrètes adaptées à son périmètre.

Animation du changement par les cadres

Au-delà de la simple connaissance des enjeux, les cadres doivent développer des compétences d’accompagnement du changement. Leur rôle est d’aider les collaborateurs à dépasser les résistances initiales, à gérer les émotions parfois difficiles que suscite la prise de conscience climatique, et à canaliser l’énergie vers des actions constructives. Cette dimension émotionnelle et humaine du changement est souvent sous-estimée mais s’avère déterminante dans le succès à long terme de la démarche.

Déploiement transversal dans l’organisation

Adaptation aux différents métiers

Un des défis majeurs du déploiement de la fresque du climat est son adaptation aux spécificités des différents métiers. Les enjeux et leviers d’action ne sont pas les mêmes pour une équipe marketing, logistique ou recherche et développement. Les entreprises les plus avancées proposent donc des déclinaisons sectorielles de l’atelier, complétées par des sessions de travail permettant d’identifier les implications concrètes pour chaque fonction. Cette personnalisation renforce la pertinence et l’appropriation de la démarche.

Coordination inter-départements

La problématique climatique transcende les frontières organisationnelles traditionnelles et nécessite une approche systémique. La mise en place de groupes de travail transversaux, réunissant des collaborateurs de différents départements, permet de dépasser les silos et de construire des solutions plus complètes et innovantes. Cette transversalité constitue également une opportunité de décloisonnement bénéfique à la culture d’entreprise dans son ensemble.

Écueils à éviter lors de l’implémentation

Les pièges du greenwashing interne

Un risque majeur dans le déploiement de la fresque du climat est de tomber dans ce que l’on pourrait appeler du greenwashing interne, où la démarche reste superficielle et déconnectée des pratiques réelles de l’entreprise. Les collaborateurs sont particulièrement sensibles à ce décalage entre discours et actions. Pour éviter cet écueil, il est essentiel que la direction s’engage visiblement dans la démarche et que des moyens concrets soient alloués à la mise en œuvre des initiatives issues des ateliers.

Manque de suivi post-atelier

Trop d’entreprises considèrent la fresque du climat comme un événement ponctuel plutôt que comme le début d’un processus de transformation. L’absence de suivi et d’actions concrètes après l’atelier conduit inévitablement à la désillusion et au désengagement des collaborateurs. Pour être efficace, la démarche doit s’inscrire dans la durée, avec des points d’étape réguliers, des objectifs clairs et des réalisations visibles qui maintiennent la dynamique initiale.

Gestion du changement et résistances

Identification des freins potentiels

Tout changement suscite des résistances, et la transition écologique ne fait pas exception. Ces résistances peuvent prendre diverses formes, du scepticisme face aux enjeux climatiques à l’inquiétude concernant les implications pour son propre métier, en passant par le sentiment d’impuissance face à l’ampleur du défi. Identifier ces freins constitue une première étape essentielle pour pouvoir les aborder constructivement et transformer les objections en opportunités d’approfondissement du dialogue.

Techniques d’accompagnement adaptées

Pour surmonter ces résistances, diverses techniques d’accompagnement ont fait leurs preuves. Parmi elles, la valorisation des initiatives individuelles, aussi modestes soient-elles, la célébration des succès collectifs et la mise en lumière des bénéfices annexes de la démarche, comme l’amélioration du bien-être au travail ou les économies réalisées. L’humour et la créativité constituent également des leviers puissants pour dédramatiser le sujet tout en maintenant son importance. L’essentiel est de créer un climat où chacun se sent partie prenante d’une démarche positive plutôt que culpabilisé ou contraint.